Bernard Abdilla : « L’Ain est un haut-lieu de la spéléologie en France »

Publié le 23 juin 2025 dans Tourisme Ici c'est l'Ain Magazine Sports et loisirs

Avec des grottes accessibles et une diversité de sites, le sous-sol de l’Ain possède un patrimoine naturel particulièrement riche pour les amateurs de spéléologie. 12 clubs et environ 170 adhérents pratiquent l’activité dans l’Ain, chapeautés par la Fédération Française de Spéléologie, qui a délégué le Comité Départemental de Spéléologie. Bernard Abdilla, conseiller technique départemental du spéléo-secours français, présente sa passion.

Présentez-nous la spéléologie dans l’Ain ?

Dans l’Ain, la spéléologie se pratique sur l’est du territoire, sur la partie montagneuse et calcaire. Nous comptons 100 à 150 grottes intéressantes, voir plus de 3000 si l’on prend en compte tous les phénomènes karstiques inventoriés, du plus petit au plus grand. L’Ain est un haut-lieu de la spéléologie.

Qu’est-ce que le karst ?

Le mot karst est utilisé en français pour expliquer comment se comporte l’eau dans les massifs calcaires, tels que les massifs du Bugey et du Jura. Le calcaire a la spécificité d’être une roche soluble. Les montagnes de l’Ain se sont plissées lors de la formation des Alpes et la plupart des grottes ont été creusées lors des glaciations. La fonte des glaciers a entrainé de gros apports d’eau dans les failles et est ressortie plus loin.

Les sites remarquables dans l’Ain

L'Ain abrite le gouffre le plus profond de toute la chaîne du Jura, le gouffre de la Rasse avec 700 m de dénivelé. Il est très profond, très technique, réservé à des personnes très expérimentées.

D’autres grottes possèdent un développement dépassant les 24 km de galeries, à la Burbanche et Ordonnaz.

Nous avons aussi des siphons très profonds, parmi les plus longs de France, comme la grotte/source du Groin, sur Valromey-sur-Seran. De très belles grottes, avec des stalagtites et des stalagmites comme le Burlandier (Haut-Bugey) . Au milieu de tout cela, il y a plein de petites grottes qui font le bonheur des spéléologues, adaptées à la pratique classique, des écoles, des centres de loisirs... Mais aussi un grand nombre de grottes encore inconnues !

Comment pratiquer la spéléologie ?

Le B.A-ba : on ne pratique pas la spéléologie sans être accompagné.

Nous avons des professionnels dans l’Ain et 12 clubs affiliés au Comité Départemental de Spéléologie, qui dépend de la Fédération Française de Spéléologie. Les bénévoles des clubs peuvent encadrer les activités. Cela reste une affaire de spécialistes, on a une organisation, du matériel adapté et standardisé. Les sites majeurs sont conventionnés et le Département soutien le comité pour ses opérations de gestion annuelle des cavités recensées au Plan Départemental des Espaces, Sites et Itinéraires.

Nous avons également une « grotte-école » à Jujurieux, qui apparaît facile, mais avec des obstacles délicats à gérer.

Qu’est-ce qui vous plaît dans la spéléologie ?

Le côté exploration et découverte du milieu bien sûr, mais ce qui me plaît aussi, ce sont les valeurs humaines, les relations avec les autres. Lorsqu’on progresse, tout le monde s’implique, c’est prenant, il faut le vivre pour comprendre.

Je m’occupe aussi du spéléo-secours, pour lequel nous avons une convention avec le Département, le SDIS et la préfecture. La fédération de spéléologie est la seule à organiser elle-même ses secours.

L’Ain est l’un des premiers département à avoir réalisé un inventaire précis, avec tous les trous connus du plus petit au plus gros. Cela représente une base de connaissance unique qui se transmet de génération en génération.

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