Accueillir un nouvel enfant passe par un temps d’adaptation progressive

Publié le 19 février 2023 dans Enfance et parentalité
Dessin d'une assistante maternelle qui accueille et discute avec un couple qui souhaite leur confier leur petit enfant

Accueillir un nouvel enfant passe par un temps d’adaptation progressive, qui permet au tout-petit, à l’assistant maternel et aux parents, de se connaître et se sentir en confiance.

Article paru dans la Lettre des assistants maternels n°57 Janvier 2023, réalisée conjointement par le Département et la Caisse d’allocations familiales (Caf) de l’Ain - Accéder aux numéros du magazine

Temps de rencontre, d’observation de l’enfant, d’échanges, la période d’adaptation est essentielle pour l’épanouissement de l’enfant dans son nouveau milieu de vie.

Elle est nécessaire aussi bien au tout-petit qu’aux parents et à l’assistant maternel, pour percevoir les besoins de l’enfant, assurer une continuité des habitudes de vie, mettre en place les règles de fonctionnement réciproque permettant d’instaurer une confiance mutuelle.

  • Ce temps d’adaptation doit être évoqué dès la première rencontre avec les parents.
  • Son inscription au livret ou projet d’accueil facilite, rassure les nouveaux parents employeurs.

Cette période débute le premier jour prévu au contrat de travail. Pas de formule ou durée type idéale : définie avec les parents, hors entretien administratif sur les modalités du contrat, elle peut être plus ou moins longue, passer par un ou plusieurs temps d’accueil en présence du parent, par un accueil à divers moments de la journée… Sa durée va dépendre du comportement de l’enfant.

Plus l’assistant maternel aura d’informations sur son environnement, mieux il pourra le comprendre, veiller à ses besoins, son bien-être, son développement.

Ces informations ne s’échangent pas lors de contacts téléphoniques ou virtuels avec le parent mais bien lorsqu’il est présent physiquement durant les premiers temps d’accueil et lors des transmissions.

Accueillir un nouvel enfant, c’est accueillir aussi ses parents.

L’adaptation : pourquoi ? Comment ?

Accueillir Nouvel Enfant Temps D Adaptation Progressive1

Accueillir dans un premier temps l’enfant en présence du parent renforce son sentiment de sécurité et facilite la séparation ultérieure

Nouvel environnement, nouvelles personnes, nouveaux bruits, nouvelles odeurs, mais aussi nouvelles façons d’être couché, porté, câliné…

  • Il faut laisser le temps à l’enfant d’appréhender ces changements.
  • L’adaptation progressive lui permet de  prendre appui sur la présence du parent dans cet univers inconnu.
  • Elle peut se faire sur une ou deux semaines.

Le premier jour :  Il est indispensable que le parent reste présent , voire le deuxième.

  • Le tout-petit est sensible à la qualité des échanges et au lien qui se crée entre l’assistant maternel et le parent: paroles, partage de gestes, de mots lors du change, du repas, du jeu…
  • La transmission par le parent d’un maximum de détails, des objets « transitionnels » (doudou, sucette…) facilite la continuité  des pratiques, rassure l’enfant. S’endort-il avec ou sans tétine ? Dans le noir ou pas?

Le deuxième jour :

  • Le parent peut s’absenter entre une demi-heure et une heure et demie selon les réactions de l’enfant, en lui expliquant bien sûr la situation.

Le troisième jour,

  • L’accueil peut inclure le repas ou la sieste, puis, le quatrième, se faire sur la journée.
  • Quel que soit l’âge de l’enfant, il est important qu’il voit tous les enfants présents, y compris ceux accueillis en périscolaire.
  • Observer l’enfant est essentiel. Ce n’est pas parce qu’il ne pleure pas qu’il n’a pas besoin de ce temps d’adaptation.

Les étapes de l’attachement

  • On ne peut pas parler d’adaptation sans évoquer l’attachement.
  • Ce processus ne peut se créer que si l’enfant se sent en sécurité affective, d’où son importance.

De 0 à 3 mois

  • L’enfant est totalement dépendant de la personne qui s’occupe de lui pour son bien-être.
  • Les fondements de l’attachement commencent dans la réponse de l’adulte à ses besoins.
  • La continuité des pratiques prend rapidement du sens pour l’enfant, qui pourra progressivement communiquer avec l’adulte car il se sentira entendu et compris.

De 3 à 6 mois

  • Il prend peu à peu conscience de ses émotions.
  • Le lien d’attachement s’approfondit au fur et à mesure que ses besoins sont comblés.
  • Il reconnaît sa figure principale d’attachement, le plus souvent les parents.
  • L’assistant maternel devient la seconde.
  • L’attachement se crée dans un plaisir de se sentir bien ensemble.

Entre les 8e et 9e mois

  • L’angoisse, phénomène bien connu, désigne la peur de l’enfant confronté à des étrangers qui le rend hypersensible à la séparation.
  • La présence du parent sur plusieurs jours peut le sécuriser.

À 2 ou 3 ans

  • Tout dépend de la capacité de l’enfant à nouer des relations, à s’autonomiser, s’il a été confié à d’autres personnes ou pas.
  • En général, il accepte mieux la séparation et peut plus facilement exprimer ses besoins, ses émotions et se repérer dans le temps.
  • La puéricultrice référente est à l’écoute des assistants maternels pour échanger, apporter un regard extérieur, conseiller.

« L’adaptation, c’est aussi pour les parents et pour l’assistant maternel »

L’adaptation diffère forcément selon chaque enfant

Carole Forêt, assistante maternelle

« J’en parle tout de suite aux parents, ça les rassure. Si c’est un bébé que la maman allaite, je lui demande d’amener un vêtement pour qu’il ait son odeur, qu’il ne soit pas dépaysé. »

Elle préconise souvent une adaptation progressive : 2 heures le matin le premier jour, puis le matin complet…

« L’adaptation, c’est aussi pour les parents et pour l’assistant maternel. »

Les autres enfants participent aussi : « Je leur explique que je vais accueillir un nouvel enfant. Les plus grands se sentent “importants”: ils ont comme une mission, faire attention au bruit si c’est un bébé, lui montrer les choses, prêter les jouets, si
c’est un nouveau copain ou une nouvelle copine. »

Adaptation rime avec observation, chez l’assistant maternel mais aussi à l’extérieur, au relais petite enfance…

Avoir accueilli auparavant le grand frère ou la grande sœur peut faciliter l’adaptation : « On connaît déjà la famille. » Mais chaque enfant est unique, chaque adaptation aussi. Confiance et respect

Stéphanie Canellas, maman de Romy, 2 ans, et Aude Brunet, assistante maternelle

Stéphanie a confiée Romy à Aude dès ses 3 mois :

« Romy est née en septembre 2020, Aude pouvait l’accueillir dès décembre. À la première rencontre, elle m’a présenté tout de suite le livret d’accueil, m’a expliqué comment se passerait l’accueil, m’a demandé si ma fille a des besoins particuliers, m’a parlé de la période d’adaptation… Je me suis sentie en confiance.

Romy est arrivée en plein confinement. C’était une période compliquée. J’allaitais encore. Aude m’a mise à l’aise, m’a demandé de tirer le lait, elle était vraiment dans le respect. Le premier jour, je suis restée avec Romy. Elle a fait connaissance avec les autres enfants, a vu les lieux. Puis la première semaine, elle est restée deux heures tous les matins, sans moi ; la deuxième semaine, les après-midis, et ensuite matin et après-midi. »

Les conseils d’un relais petite enfance

Juliette Pinot et Marie Richard, animatrices du relais petite enfance itinérant de Saint-Vulbas.

Juliette Pinot et Marie Richard, animatrices du relais petite enfance itinérant de Saint-Vulbas.

« Plus l’adaptation est pensée en amont de l’accueil, avant la naissance, mieux c’est »

  • Une rencontre entre l’assistant maternel et le parent avec l’enfant, avant l’accueil, facilite la découverte du lieu d’accueil, la transmission des habitudes de l’enfant…
  • Les nouveaux parents ne savent pas forcément comment se passe une journée chez l’assistant maternel.

« On leur conseille de se projeter avec des questions simples, en leur rappelant qu’il faut une relation de confiance, de partenariat avec l’assistant materne l: c’est un professionnel de la petite enfance qui sera avec eux. »

Transmettre leurs habitudes de vie, l’intimité de l’enfant, peut leur paraître intrusif mais cet échange constructif d’informations conditionne la réussite de l’accueil.

« Un enfant ressent beaucoup de choses, il faut qu’il ressente que le parent est partenaire de l’accueil. Sinon, il s’interdira de s’attacher à l’autre adulte. »

La période d’adaptation existe dans tous les lieux d’accueil collectif et doit être aussi la règle chez l’assistant maternel, y compris lorsque celui-ci a déjà accueilli un enfant de la même famille.

« Chaque accueil est différent. La période d’adaptation peut être plus courte mais il la faut. »

Précieux temps d’observation de l’enfant, « d’apprivoisement » réciproque, elle permet à chacun de s’adapter. « C’est chaque fois une nouvelle aventure.»

[magazine] Lettre des assistants maternels de l’Ain

Deux fois par an, un magazine vous est adressé, traitant d’un sujet relatif à votre profession. Il permet aussi de vous tenir informés de l’actualité de l’accueil du jeune enfant dans l’Ain et au niveau national.

Dernier numéro n°59 décembre 2023 : Conseils pratiques pour apporter des solutions pour faciliter l’endormissement et le sommeil.

Faire une suggestion sur cette page ?

Une confirmation vous sera envoyée à cette adresse.
Connaître la commune de votre domicile permet de mieux répondre à votre question
Vos nom et prénom sont facultatifs SAUF pour les demandes d'agrément

Autres actualités dans le même domaine